Levée de fonds : Avantage, Inconvénients et témoignages de jeunes entrepreneurs
Vous avez un produit, peu de traction et vous devez vous développer.
Vous avez besoin d’argent maintenant et devez donc collecter des fonds pour votre startup.
Comment boucler une levée de fonds dans les meilleurs délais sans nuire à vos perspectives à long terme ? Comment ouvrir son capital à des investisseurs en échange d’un financement, tout en gardant son rôle et son pouvoir de décision au sein de l’entreprise ?
La relation startup-investisseurs c’est un peu comme un mariage… Vous êtes “collés” ensemble pour la vie , cela peut être merveilleux ou terrible…Choisir les bons partenaires dans ce voyage périlleux fera donc toute la différence …
I) Les avantages d’une levée de fonds
a) De l’argent pour avancer sur le projet
La levée de fonds consiste en un apport en capital, en échange duquel les investisseurs recevront des actions.
Le principal avantage d’une levée de fonds correspond à sa raison d’être : elle permet d’apporter de l’argent dans le projet. Ces fonds permettront aux associés de se doter de tous les moyens dont ils ont besoin pour réaliser les prochaines étapes de développement de leur projet :
– réaliser de gros investissements associés à des revenus décalés dans le temps : investissements en R&D (pour mettre au point un produit), en production (matériel, outillage…), en développement commercial (réseau de vente, packaging, publicité…),
– Financer le besoin en fonds de roulement (stocks, crédits clients…)
– Accompagner ou accélérer le développement de la société, en France ou à l’international, ou pour reproduire un modèle (franchises)
– Démarrer une nouvelle activité
– Disposer d’une valorisation de référence pour la négociation de différentes opérations
– Gagner ou garder une avance, et se protéger contre les offensives de concurrents
b) l’absence de remboursements de fonds
Les apports réalisés par les investisseurs sont des apports en capital social. En contrepartie de leur investissement, ils recevront des actions de la société. Une levée de fonds a donc l’avantage d’être un financement qui n’a pas vocation à être remboursé, comme c’est le cas pour les prêts bancaires.
De leur coté, les investisseurs se rémunèrent sur les plus-values réalisées lors de la revente de leurs participations. La levée de fonds ne nécessite pas d’apport de garanties personnelles la part des fondateurs .
La société n’a pas de dettes envers ses investisseurs, et la levée de fonds renforce les fonds propres de l’entreprise. En termes de bilan financier, et de perception comptable de l’entreprise, l’impact d’une levée de fonds est très positif.
C ) Les investisseurs n’apportent pas seulement de l’argent
En plus de contribuer au financement de la startup, l’investisseur peut apporter d’autres éléments essentiels aux associés fondateurs et au développement de l’ activité :
– une exposition médiatique qui leur sera bénéfique,
– un carnet d’adresse et l’accès à des réseaux plus facilement,
– un regard extérieur sur la stratégie,
– des conseils en gestion et en organisation,
– un accompagnement
II ) Les inconvénients d’une levée de fonds
Mais la levée de fonds n’est pas la panacée et il se peut que ce mode de financement présente finalement , outre des avantages certains, un certain nombre d’aspects négatifs …
a) Le temps de préparation d’une levée de fonds, un inconvénient à ne pas négliger
La préparation d’une levée de fonds implique un investissement de temps pour le dirigeant et pour ses équipes pour trouver des sources de financement
Les associés devront y consacrer du temps pour :
– préparer leur dossier (business plan, valorisation, estimation des besoins et du montant de la levée…),
– s’entraîner à le présenter,
– sélectionner des investisseurs et candidater,
– rencontrer les investisseurs qui proposent une première rencontre.
Ce temps consacré à la préparation d’une levée de fonds propres peut être préjudiciable en empêchant le dirigeant de s’impliquer pleinement dans le développement de l’activité de son entreprise.
Il se peut très bien que le temps consacré à l’opération de levée de fonds soit perdu, faute d’investisseurs intéressés.
Ensuite, si l’opération se poursuit, il conviendra de poursuivre les discussions avec ceux qui sont partants pour investir. Les procédures sont assez lourdes avant de pouvoir finaliser l’opération : négociation, due diligence, cadrage juridique, closing.
b) Le délai de réalisation d’une levée de fonds
Le second inconvénient s’inscrit dans le prolongement du premier. S’agissant d’une opération lourde, les fonds ne seront pas disponibles avant plusieurs mois si la société trouve des investisseurs. Il faut compter environ 6 à 9 mois entre la première étape de la levée de fonds et la réception des fonds.
c) La dilution des associés en place
Les droits politiques, financiers, patrimoniaux de chaque associé sont proportionnels aux apports. Lorsqu’une société émet de nouvelles actions, le pourcentage d’actions détenues par les actionnaires en place et le pouvoir de décision diminuent.
Du fait de la levée de fonds, l’arrivée de nouveaux actionnaires implique une hausse du capital et non une augmentation des bénéfices. Par conséquent, on assiste également à une dilution des parts de bénéfices de l’entreprise.
En échange des fonds qu’ils investissent dans le projet, les investisseurs deviendront des actionnaires de la société. Les associés fondateurs subiront donc une dilution au niveau de leur pourcentage de participation au capital social.
d) L’intégration d’associés qui ont des intérêts différents
La levée de fonds a un inconvénient supplémentaire : la diversité des investisseurs. En effet, une divergence des intérêts entre l’objectif des associés et la recherche de profits des investisseurs peut affecter le bon fonctionnement de l’entreprise. Seuls les actionnaires ont le droit de participer aux assemblées générales et y exprimer leur vote vis-à-vis des décisions stratégiques de la société. Ainsi, l’intégration d’associés implique de nouvelles idées, des intérêts divergents.
e) Le fonctionnement de l’entreprise rendu plus complexe
L’aboutissement d’une levée de fonds ne signifie pas qu’il ne faudra pas s’occuper des investisseurs, bien au contraire. Très vite, il va falloir structurer l’entreprise et mettre en place des processus pour gérer les investisseurs : réunions récurrentes, conseils stratégiques, autorisation pour certaines décisions, communication d’informations…
III ) Témoignages et conseils
Derrière l’image des jeunes qui lancent leur start-up et à qui tout réussit, entreprendre reste une gageure , et lever des fonds c’est-à-dire ouvrir son capital à des tiers est loin d’être une chose aisée, ainsi qu’en témoignent de jeunes créateurs de startup…
François Delporte, cofondateur de Rocambole
« Monter sa boîte, c’est comme la traversée de l’Atlantique… à la rame. Il y a du monde au départ et à l’arrivée, mais pendant la traversée, on est tout seul à ramer…A côté de notre petit bateau, parfois on voit passer des ferries où les gens font la fête et trinquent au champagne. Ca donne envie, on manque de chavirer, mais il faut tenir le cap. »
Sylvain Tillon, créateur de la start-up Tilkee
« Ouvrir son capital représente un risque important pour une petite structure. Quand cela se passe mal, c’est l’entrepreneur qui trinque. Une défiance s’est progressivement installée entre les nouveaux investisseurs et moi : ils trouvaient que je manquais d’ambition ; moi, j’étais en désaccord avec leur vision. Ils m’ont fait comprendre qu’il fallait que je m’y conforme ou que je quitte la boîte. Je ne voulais pas être un frein pour l’entreprise, je suis parti. Ils m’ont laissé 48 heures. J’en ai pleuré pendant six mois. »
Sandra Rey, fondatrice de Glowee
« C’est un marathon et pas un sprint ! j’ai du apprendre à être résiliente et patiente, en ajustant mon calendrier sur le temps long »
Guillaume Moubeche, CEO de Lemlist
» Je vois trop de personnes passer du temps à essayer de lever des fonds alors qu’ils n’ont pas encore de clients. La réussite est justement d’apporter en premier lieu de la valeur à ses clients, explique Guillaume Moubeche, qui a créé en 2018 sa start-up avec 1000 euros de capital. Se lancer dans une levée de fonds n’est pas anodin. Les fonds attendent du rendement. Cette pression financière conduit à l’échec de 8 entreprises sur 10. On l’oublie trop souvent «
Raphaël Masbou, co-fondateur de Lokki
« Le pitch est essentiel pour séduire les investisseurs. Beaucoup de préparation et un but : voir le plus rapidement possible des étoiles briller dans les yeux de nos interlocuteurs. Le pitch donne l’envie d’embarquer dans l’aventure Lokki, dès maintenant, sans quoi on passerait à côté d’une belle opportunité.
Pour le construire, nous sommes partis de notre vision et d’une problématique à laquelle nous répondons par la meilleure des solutions.
Notre pitch a été construit après de très nombreuses répétitions.
Il faut savoir le faire évoluer après chaque rendez-vous en s’interrogeant sur les réactions provoquées, positives ou pas. Une fois le socle bâti, le pitch doit s’adapter aux profils des cibles. Comme un CV, il existe des versions différentes. Avant de rencontrer des investisseurs, nous étudions leurs valeurs, leurs centres d’intérêts pour les intégrer dans notre discours. (…) »
Alexandre Dana, fondateur de Livementor
« Les levées de fonds sont paradoxales. D’un côté, elles sont présentées comme un passage obligé pour tout entrepreneur à succès.De l’autre, elles comportent des risques vraiment importants.
Des exemples d’entrepreneurs qui ont totalement perdu le contrôle de leur société, il y en a des dizaines. Je ne vous le souhaite pas.
La levée de fonds pose aussi d’autres questions.
Est-ce que c’est pertinent pour un freelance qui souhaite recruter quelqu’un pour former une agence ? Et pour cette thérapeute qui a besoin de fonds pour trouver un premier local où exercer ? Ou pour cette entreprise familiale dans le bâtiment qui doit trouver un peu d’argent pour renouveler son matériel, est-ce que lever des fonds est une bonne idée ?
Non, je ne pense pas.
À mon sens, la levée de fonds n’est adaptée qu’à une infime partie des entreprises françaises.
Alors il faut parfois savoir trouver des alternatives. »
Xavier Lorphelin, Managing Partner chez Serena
« Mener une levée de fonds n’est ni une nécessité, ni une fin en soi . C’est faire le choix d’accélérer sa croissance. Donc avant de se lancer, n’oubliez pas de réfléchir au pourquoi de cette levée… mais surtout d’anticiper la prochaine ! En effet, ceux qui réussissent sont ceux qui ont su déployer une vision à 18 ou 24 mois. (…)
Raconter une belle histoire, c’est bien, mais raconter une histoire qui intéresse votre interlocuteur, c’est encore mieux. Et dans le cadre d’une levée de fonds, c’est même indispensable. C’est pourquoi vous devez avant tout comprendre le besoin du VC pour vous assurer d’adresser le bon investisseur.
Certains préfèrent se concentrer sur un stade précis de votre développement (pré-seed, seed, série A…), là où d’autres privilégient des secteurs d’activité spécifiques. Vous souhaitez vous développer à l’international ou vous concentrer sur le marché français ? L’important est de privilégier un VC qui est bien implanté dans le marché visé, qui saura comprendre vos objectifs et qui pourra vous conseiller au mieux.
(…) Il vous reste ensuite à convaincre les investisseurs. Le VC va principalement regarder dans quelle mesure votre projet peut lui permettre d’atteindre ses objectifs de performances. À vous de démontrer que vous êtes bien alignés avec ses attentes. (…)
Car qui dit levée de fonds ne signifie pas pour autant succès assuré. En effet, 20 % des start-up accompagnées finissent par faire faillite. (…) Parmi les principales causes d’échec : le développement commercial prématuré d’un produit sans avoir pris soin de valider les attentes du marché au préalable mais aussi un recrutement inadapté.
(…) Pour réussir votre levée, vous devez impérativement vous demander quel recrutement vous permettra d’avancer aujourd’hui et quelle organisation mènera votre croissance demain.
Autant de questions clés auxquelles un bon investisseur vous permettra de répondre.’
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